J’ai eu l’idée de créer Celsius après avoir visité les chais d’un château du Médoc.
Passionné de vin et d’œnologie, je m’attendais à être séduit par les coulisses d’un grand cru classé, mais certainement pas à réorienter ma carrière.
Fusées et station spatiale
À l’époque, j’étais chercheur à l’Université de Bordeaux. Suite à un doctorat en mécanique des fluides numérique, je travaillais sur des missions en lien avec le monde de l’industrie. Je pouvais me pencher sur la résolution de problèmes de lubrification pour le laminage (pour ArcelorMittal), réaliser la maquette d’un booster de fusée pour comprendre les phénomènes liés au remplissage (pour Safran-Herakles) ou encore caractériser les paramètres physiques de l’ébullition de l’eau en apesanteur pour le Centre National d’Etudes Spatiales et la Station Spatiale Internationale. Pour dire les choses simplement, mon travail consistait à modéliser des problèmes pour les comprendre, en vue d’y apporter des solutions industrielles.
Pas grand-chose à voir avec le vin, n’est-ce pas ? Pourtant si, il y en a un ! Et il m’est apparu dans les chais de ce fameux château car la jeune femme qui organisait la visite y évoqua deux phénomènes qui sont de vieux compagnons de route : le mouvement (soi-disant) perpétuel généré par des amphores et le mouvement brownien (qui serait) à l’œuvre dans les barriques.
Maîtrise énergétique
Après avoir bondi à deux reprises, j’ai ôté ma casquette de scientifique hypersensible aux abus de langage pour observer la situation dans son ensemble. J’ai constaté que le talent architectural à l’œuvre dans les chais ne rimait pas du tout avec maîtrise énergétique, alors que la régulation des températures est cruciale dans ce type de bâtiment. J’ai aussi remarqué que l’on pouvait être excellent en chimie (et Dieu sait qu’il faut du talent pour réussir ses vinifications) et méconnaître les phénomènes physiques à l’œuvre sur son domaine.
J’ai remis ma casquette de scientifique et j’ai écrit mon premier article sur la question.
Depuis ce moment-là, le sujet n’a plus cessé de galoper dans ma tête : si les chais d’un grand cru classé tiennent aussi peu compte des phénomènes physiques, je n’ose même pas imaginer la situation dans des domaines plus modestes... mes outils, j’en suis persuadé, pourraient conduire à des améliorations dans les chais… pourquoi ne serviraient-ils pas à modéliser des problématiques de gel et de pulvérisations ? Et surtout :
Pourquoi ces technologies qui permettent de simuler et prédire des phénomènes physiques seraient-ils réservés à l’industrie ? Ils auraient forcément un impact positif dans un monde agricole où chaque euro compte ?
Protection de l’environnement
C’est ainsi que j’ai créé Celsius en 2016.
J’ai fini par quitter l’Université de Bordeaux, mais je travaille toujours en lien avec ses laboratoires de recherche, ce qui me permet de mobiliser des compétences et du matériel sur certains projets.
Depuis 2019, Celsius déploie également ses activités auprès d’entreprises de différents secteurs, qui ont elles aussi pris le parti de prédire plutôt que de guérir. En ligne de mire : leur maîtrise énergétique et le souci de l’environnement. Celsius les aide notamment à faire évoluer leurs process et à travailler sur l’impact managérial de l’amélioration continue de leurs pratiques.
Le monde du vin n’en reste pas moins au cœur de mes préoccupations. Je n’oublierai jamais que cette aventure entrepreneuriale n’est que la suite logique d’une sympathique balade dominicale sur la route des châteaux. Je l’ai toujours présent à l’esprit car c’est ce qui fait l’ADN de Celsius : observer des milieux dont je ne suis pas issu avec mon regard de scientifique afin de proposer des solutions innovantes.